NOOR - Caprae, Apprenti-Cerbère

L'automne et ses couleurs chatoyantes, ses températures basses, ses arbres se dénudant... Sans oublier son atmosphère mystérieuse et attirante.

Yuëna appréciait tout cela, marchant entre les feuilles tombées de leurs ramures d'un pas presque mélancolique. Tout ce rouge-orangé, toute cette ambiance impénétrable, et ces sons nostalgiques... Cela avait le don de rendre la soldate à l'aise ; elle qui ne l'était pourtant que rarement. Mais il fallait admettre que l'automne, c'était quelque chose. Elle ne se souvenait pas de grand chose concernant ce qu'elle avait vécu en ces temps, à part quelques missions réalisées, mais ça ne l'empêchait en rien d'aimer cette saison. Elle n'avait pas de raison particulière, elle l'aimait juste plus qu'elle pouvait aimer l'hiver, le printemps ou encore l'été. Et pourtant, elle était de ceux qui trouvaient toujours ridicules ceux disant préférer une saison à une autre. Après tout, on s'en fichait bien, de la saison. Il fallait juste travailler, rien d'autre.

Alors, pour ne pas ressembler à ces chats qu'elle trouvait méprisables, Yuëna s'était éloignée de la ville. Il fallait qu'elle fasse quelque chose d'utile, et vite. Quoi de mieux, dans ces cas-là, que de bosser ? Evidemment, rien n'était plus important que d'être la meilleure. Et ce, même s'il était clairement évident qu'un orage se préparait, à en sentir l'odeur de la pluie et en voir les nuages noirs au-dessus de sa tête. La météo n'était qu'une condition qu'elle ignorait totalement.. tout comme le reste du monde, en fait. Elle ignorait tout et tout le monde, vivant sa vie dans une bulle en laquelle rien ni personne n'avait le droit d'entrer. Après tout, les quelques personnes qu'elle avait autorisé à rentrer avaient fini par la trahir, aussi finit-elle par se méfier davantage, la faisant devenir la paranoïaque qu'elle était aujourd'hui. Mais enfin, ça ne la gênait pas plus que ça. Elle supportait bien la solitude, et au pire, elle n'était pas un cas social désespéré ; elle savait aller chercher de la compagnie. Alors, oui, elle pouvait l'affirmer en tout honnêteté. Elle n'avait besoin de rien ni de personne.

C'est sur cette pensée optimiste et ambitieuse qu'elle arriva au sentier, prête à surveiller les cargaisons censées arriver dans quelques heures... Elle était à l'avance, effectivement. Comme toujours, au final, car elle aimait se détendre avant de passer aux choses sérieuses. Mais cette-fois-ci, quelque chose l'en empêcha. Une impression dérangeante d'être observée, et un fumet éventé auquel peu d'autres personnes auraient prêté attention. Mais ça n'était pas compter sur la Savannah et sa méfiance excessive. Qui qu'il soit, il ne pouvait pas être plus mal tombé : avec elle ici, il ne s'en sortirait probablement pas totalement indemne. Humant à nouveau l'air, la soldate ne put s'empêcher de sourire en reconnaissant l'odeur distinctive d'un Felinae.

« Eh bien, eh bien, qu'avons-nous là ? » miaula-t-elle aussi tôt, malgré l'odeur presque indiscernable. « Serais-tu perdu ? »

Evidemment, elle savait que ça n'était pas le cas, c'est pourquoi un cynisme doucereux pouvait se faire entendre dans sa voix. Elle ne perdit pas un instant de plus, cela dit, pour se concentrer sur l'odeur plus personnelle de son interlocuteur. Elle eut tout de suite une désagréable sensation de déjà-vu, qu'elle aurait préféré éviter. L'odeur lui était familière, c'est pourquoi elle se dit que l'intrus était une de ses ancienne victimes.
Du moins, elle l'espéra.